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Entretien d’EvalforEarth avec un jeune évaluateur émergent du PAM en pleine évolution

Posté le 05/12/2025 by Lucia Landa Sotomayor, João Lima
WFP OEV

Je m'appelle Landa Sotomayor, analyste en évaluation auprès du Bureau de l'évaluation du Programme alimentaire mondial (PAM). Je me suis entretenue récemment avec Joao Lima, Fonctionnaire en suivi et évaluation du PAM, occupant le poste d'Assistant spécial auprès du Directeur de l'évaluation et participant aux fonctions de suivi et évaluation, au sujet de ses réflexions sur son expérience en tant que jeune évaluateur émergent (YEE), évoluant vers des rôles d'évaluation plus élevés, alliant son expérience de travail au sein des programmes et la réflexion stratégique. Joao fait le bilan de son expérience des réseaux pour les jeunes évaluateurs émergents et des communautés de pratique, de leurs contributions à sa carrière en évaluation et partage quelques conseils pour les jeunes professionnels de l'évaluation.

Pouvez-vous nous raconter succinctement votre expérience au sein des réseaux de jeunes évaluateurs émergents?

Joao: Je souhaiterais distinguer mon expérience dans trois réseaux d'évaluation auxquels j'ai participé: le Global Eval Youth Network, le Brazilian Network of Young and Emerging Evaluators et le UNEG Working Group for YEEs. J'ai connu le réseau «Eval Youth Network» grâce à mon supérieur hiérarchique à l'UNITAR, lorsque je me trouvais à Genève. Mon implication dans ce réseau m'a permis d'explorer et de découvrir le paysage de l'évaluation au Brésil, où j'ai pu me mettre en relation avec des professionnels, d'abord de manière informelle sur WhatsApp, avant de décider d'institutionnaliser ces relations dans un groupe formel, désormais connu sous le nom de «Eval Youth Brazil»

J'ai rejoint l'an dernier le Groupe de travail «UNEG Working Group for YEEs», qui m'a donné l'occasion d'observer la manière dont l'évaluation s'articule entre les sièges de différentes agences des Nations Unies et le terrain et de participer aux travaux de renforcement de capacités en partenariat avec les Volontaires des Nations Unies.

Donc, rechercher une communauté, la transformer en quelque chose de plus grand et la mettre en relation également avec votre travail. C'est formidable de voir comment votre initiative personnelle a permis d'institutionnaliser une communauté. En termes d'adhésion, qui peut devenir membre de ces communautés?

Joao: Eval Youth Global est gratuit et ouvert à tous – tout le monde peut s'enregistrer sur leur site internet et recevoir les lettres d'information et les opportunités. Pour ce qui est du réseau au Brésil, Eval Youth Brazil, il est lié à l'Association brésilienne pour le suivi et l'évaluation, donc il est conseillé de s'inscrire à l'association, mais vous pouvez également participer au groupe des jeunes évaluateurs émergents.

Le Groupe de travail du Groupe des Nations Unies pour l'évaluation (UNEG) est limité aux professionnels des Nations Unies. La possibilité d'adhésion est ouverte chaque année autour d'avril ou mai et des plans de travail sont présentés lors des réunions annuelles de l'UNEG, lors desquelles les adhésions sont également renouvelées.

En repensant à votre parcours dans ces réseaux – de Genève au Brésil, puis maintenant à Rome – quel est l'impact que vous avez observé sur votre carrière?

Joao: Il est difficile de mesurer précisément l'impact, surtout sur le court terme. Mais faire partie de ses réseaux a considérablement élargi mes relations professionnelles. À chaque fois que j'échange des informations, c'est l'occasion de nouveaux contacts et de nouvelles personnes intéressées à mieux comprendre ce que je fais et les réseaux dont je fais partie. Je suis régulièrement en contact avec des personnes que je n'ai jamais rencontrées physiquement, à travers LinkedIn par exemple, pour en savoir plus sur le travail dans une agence des Nations Unies ou dans le secteur de l'évaluation, pour discuter et partager des meilleures pratiques, voire même pour unir nos forces en vue de la programmation d'évènements. J'ai organisé, par exemple, cette année un évènement lors de la semaine de l'évaluation gLocal, dans lequel de jeunes évaluateurs émergents provenant de différents secteurs – gouvernements, Nations Unies, organisations non gouvernementales – se sont réunis virtuellement pour partager leurs perspectives en tant que jeunes professionnels dans le secteur. Ces échanges ont un fort impact.

Quels sont selon vous les principaux bénéfices de l'adhésion à un réseau professionnel? 

Joao: Ne pas faire partie d'un réseau comporte des risques d'isolement et d'exposition limitée à ce qui se passe en dehors de nos rôles. Les réseaux tels qu'EvalforEarth offrent une expérience horizontale – en permettant de travailler avec des pairs et de connaître différentes perspectives mondiales et culturelles – et une expérience verticale – en interagissant avec des professionnels à différents niveaux d'ancienneté. Je collabore par exemple, dans le cadre de mon implication dans le groupe de travail UNEG, avec d'autres jeunes évaluateurs émergents, mais j'apprends également auprès d'évaluateurs expérimentés dans des réseaux tels que Eval SDGs. Ces interactions élargissent ma compréhension et me préparent à des rôles de direction.

C'est une belle transition vers ma prochaine question. Alors que vous êtes en passe d'accéder à des postes plus élevés, quels conseils donneriez-vous aux jeunes évaluateurs ou à ceux qui évoluent comme vous vers des postes plus élevés?

Joao: Je suis encore dans cette phase de transition, mais j'ai appris que la combinaison de l'expérience de terrain avec l'analyse des données et d'une bonne compréhension des cadres normatifs est essentielle pour se préparer à des postes de direction futurs. De nombreux experts techniques éprouvent des difficultés lorsqu'ils arrivent à des postes de responsabilité parce qu'ils ne sont pas habitués à déléguer ou à garantir l'assurance de qualité. À l'inverse, ceux qui se focalisent sur la stratégie ont besoin de comprendre certains aspects, tels que la fiabilité des données. Un ensemble équilibré de compétences est essentiel. Ma vision est d'intégrer pour le moment ces deux perspectives afin de garantir des fonctions d'évaluation efficaces. Voyons comment les choses vont évoluer d'ici deux ou trois ans!

Selon vous, que peuvent améliorer les réseaux d'évaluation pour répondre aux besoins des jeunes évaluateurs notamment dans le monde actuel incertain? 

Joao: C'est une excellente question! D'après mon expérience, sur la base de mes observations au fil des années, les jeunes évaluateurs émergents ne connaissent pas les réseaux internationaux, tels que Eval Partners ou Eval SDGs. Leur implication est le fruit du hasard plutôt que le résultat d'une diffusion délibérée. J'ai soulevé cette question lors du lancement d'EvalforEarth, en affirmant que ces réseaux ne doivent pas seulement attendre que les jeunes évaluateurs émergents les trouvent. La seule mise à disposition des ressources et des plates-formes ne suffit pas: les réseaux et les groupes de jeunes évaluateurs émergents doivent s'engager de manière proactive les uns avec les autres pour une meilleure visibilité et diffusion. Cela permettra d'inclure différentes perspectives dans les discussions et d'adapter les compétences aux besoins actuels.

C'est un message important des deux côtés, mais avant de conclure, pouvez-vous me dire, maintenant que vous quittez l'espace des jeunes évaluateurs émergents, quels sont vos projets pour l'avenir et comment pensez-vous intégrer votre expérience dans votre futur rôle de direction?

Joao: Une responsabilité essentielle des responsables en évaluation concerne le renforcement des capacités: identifier les lacunes en termes de compétences dans leurs équipes et trouver les manières d'y répondre. C'est un aspect fondamental du rôle de direction, quelle que soit la région, qui est conforme aux stratégies d'organisations telles que celles de l'UNEG et de différents réseaux de suivi et évaluation. Un autre aspect important concerne l'implication directe avec les gouvernements pour garantir que les agences des Nations Unies et leurs partenaires soient alignés sur les priorités nationales et n'agissent pas de manière isolée. Cela implique de renforcer les capacités d'évaluation nationales et de vérifier que tout le monde partage une compréhension et un langage commun concernant le suivi et évaluation.

Personnellement, je ne sais pas où je serai réaffecté mais j'espère revenir sur le terrain. Pour le moment, mon parcours consiste à combiner les nombreux apprentissages sur les cadres normatifs – notamment l'assurance, la compréhension des cadres de gestion des risques et des moyens de mise en œuvre – et les réalités de terrain pour fournir des résultats d'évaluation significatifs. Je souhaiterais m'assurer que mon équipe future comprenne ces principes et que nous bâtissions ensemble de fortes fonctions d'évaluation.

Que de beaux projets, Joao! Merci d'avoir partagé votre parcours et vos réflexions. Je suis sûre que la communauté EvalforEarth trouvera dans cet entretien inspiration et informations.