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Réflexions sur les programmes de réduction des risques de catastrophe d'un point de vue centré sur les filles

Posté le 01/05/2025 by Chido Nyaruwata
©Flames and Lilies
©Flames and Lilies

Introduction

L'initiative Flames and Lilies Climate, organisation zimbabwéenne de jeunes écoféministes, travaille à l'intersection de la justice climatique et de l'égalité des sexes. 

 Introduction

L'initiative Flames and Lilies Climate, organisation zimbabwéenne de jeunes écoféministes, travaille à l'intersection de la justice climatique et de l'égalité des sexes. Entre juillet et octobre 2024, elle a organisé des ateliers d'éducation au climat et aux risques de catastrophe avec des adolescentes et des jeunes femmes des villes urbaines et périurbaines de Harare, Epworth et Bindura. Trois cohortes ont été formées à la recherche-action participative féministe (FPAR), pour leur permettre d'explorer les dimensions sexospécifiques des défis climatiques dans leurs communautés. Dans le cadre de cette initiative, une équipe de sept jeunes chercheurs a évalué les programmes de réduction des risques de catastrophe (RRC) de Harare d'un point de vue centré sur les filles.

Cet article partage les réflexions de trois des chercheurs, ainsi que la perspective de la fondatrice sur le processus d'évaluation.

 ©Flames and Lilies

Harare a été confrontée à différentes catastrophes au cours des dernières années: des inondations saisonnières, des sécheresses prolongées et des chocs socioéconomiques. Ces crises ont affecté de manière disproportionnée les groupes marginalisés. Les besoins spécifiques et les vulnérabilités des adolescentes sont souvent invisibles dans les plans de préparation et de réponse généraux aux catastrophes. L'adoption d'un point de vue centré sur les filles est essentielle pour la conception de stratégies de RRC inclusives et l'amélioration de la résilience parmi les personnes à risque.

Pourquoi se focaliser sur les filles?

Les filles se retrouvent souvent à l'intersection de multiples vulnérabilités dans des contextes de catastrophe. Elles sont plus susceptibles d'être confrontées à la violence sexiste, à l'interruption de leur scolarisation, à un mariage précoce et à l'exclusion de l'aide d'urgence. Pourtant, lorsque leur voix est entendue et que leur intervention est encouragée, les filles peuvent devenir de puissantes actrices de changement dans leurs communautés.

Se focaliser sur les filles n'est pas seulement une question d'équité. C'est un investissement stratégique pour créer des communautés plus fortes et plus résilientes. L'autonomisation des filles débouche sur l'apport de solutions innovantes au niveau local qui améliorent le niveau de préparation, de réponse et de redressement en cas de catastrophes.

©Chido Nyaruwata

 

Notre expérience d'évaluation

La question d'évaluation qui a guidé notre travail est la suivante: «À quel niveau et avec quel succès les programmes de RRC existants prennent-ils en compte des besoins des filles et des autres personnes soumises à des pressions physiques?» Cette question nous conduit à examiner les complexités de la gestion des risques de catastrophe sensible au genre ou à l'âge. Tout en examinant le cadre réglementaire et législatif qui régit la gestion des risques de catastrophe au Zimbabwé, notre évaluation s'est focalisée sur l'impact et les réponses aux catastrophes d'origine climatique qui affectent différentes périphéries de Harare telles que Arcadia et la catastrophe provoquée par l'incendie de 2024 à Mbare Musika.

Défis initiaux et avancées

L'un des premiers obstacles rencontrés tenait à la disponibilité limitée d'une documentation accessible et systématique sur les programmes de RRC existants. Entrer en contact avec les filles et d'autres personnes marginalisées nécessitait en outre volonté et sensibilité.

Toutefois, ces défis se sont avérés des opportunités de croissance. Nous avons adopté des méthodes participatives qui ont inclus l'examen des documents de politique disponibles et la littérature grise, la réalisation d'entretiens informels et la création d'espaces sûrs pour un dialogue ouvert. Un des moments les plus marquants a été un entretien avec une jeune fille qui a partagé son expérience de marche sur de longues distances chaque jour pour rapporter de l'eau dans son foyer. Sa voix, unie à celle de sa grand-mère, a révélé le fardeau invisible, mais pourtant écrasant, qui pèse sur les filles dans des environnements sujets aux catastrophes. 

D'abord hésitantes à parler et à partager leurs expériences, la fille et sa grand-mère craignaient d'être jugées ou de s'exposer sans le vouloir. Les participantes se sont néanmoins ouvertes une fois que nous avons expliqué la finalité de notre évaluation. Elles ont compris que notre objectif était d'amplifier leurs expériences et de plaider pour des solutions de RRC plus inclusives.

L'un des autres défis importants concernait l'accès aux experts en RRC travaillant dans ces zones. Nous pensions qu'avoir accès à un plus grand nombre d'informateurs clés nous permettrait d'être davantage en mesure de comprendre certaines lacunes de données en matière de genre, telles qu'identifiées dans les études documentaires. 

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Réflexions finales

Tout au long du processus d'évaluation, l'importance de l'humilité et de l'ouverture nous a été rappelée. Nous sommes arrivés sur le terrain avec une volonté d'apprendre et d'écouter, en reconnaissant que les véritables experts étaient les personnes qui vivaient ces défis quotidiens. Cet état d'esprit nous a permis de révéler des récits et des idées qui auraient pu rester cachés autrement.

Notre expérience souligne l'importance de l'approche centrée sur les filles dans la RRC. En plaçant les filles au cœur de notre recherche, nous avons révélé non seulement leurs vulnérabilités, mais aussi leurs forces et leurs capacités. Cette expérience illustre la nécessité pour les jeunes d'être considérés en tant qu'experts et pas uniquement comme des bénéficiaires ou compléments des processus de recherche. Leurs idées sur les problèmes qui les affectent, tels que les catastrophes d'origine climatique, comme les sécheresses provoquées par El Nino, constituent des interventions essentielles et nous permettent d'aborder les angles morts de l'intersectionalité. Cette approche a non seulement enrichi notre compréhension de la gestion des risques de catastrophe mais elle a mis également en évidence le potentiel de changement transformateur lorsque l'on permet aux filles d'être aux commandes.

Il faut donner l'accès aux ressources aux jeunes pour réaliser cette recherche et élaborer des solutions qui répondent à leurs besoins. Notre expérience de l'évaluation des programmes de RRC d'un point de vue centré sur les filles a témoigné de la puissance de l'engagement authentique et de la recherche participative. La réussite de notre travail s'est fondée sur les liens authentiques que nous avons créés avec nos participantes et les enseignements tirés de leurs expériences. 

À l'avenir, les initiatives de RRC doivent donner la priorité à l'autonomisation des filles et d'autres populations vulnérables, en reconnaissant leur rôle essentiel pour la création de communautés résilientes.

Auteurs: un groupe de jeunes et nouveaux évaluateurs: Fadzai Valerie Mukove, Talent Makanaka Murawo, Chikomborero Marimo, Chido Nyaruwata

 

 

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