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Bien que la communication soit toujours considérée comme une compétence non technique essentielle («soft skill») dans toutes les organisations, la nouvelle choquante concernant les rapports des Nations Unies qui ne sont pas lus révèle que cette compétence fait parfois défaut ou est simplement ignorée.
Le défi actuel
Bien que la communication soit toujours considérée comme une compétence non technique essentielle («soft skill») dans toutes les organisations, la nouvelle choquante concernant les rapports des Nations Unies qui ne sont pas lus révèle que cette compétence fait parfois défaut ou est simplement ignorée.
Selon le Secrétaire général, environ 1 100 rapports ont été produits pour la seule année 2024 par le Secrétariat des Nations Unies; toutefois, près de 65 pour cent d'entre eux ont été téléchargés moins de 2 000 fois (Nations Unies, 2025). Si 2 000 peut apparaître un nombre important de téléchargements, selon le contexte, le type d'évaluation et le nombre de parties prenantes, il est important de noter que le téléchargement n'équivaut pas nécessairement à la lecture du rapport (Reuters, 2025). Selon Munyayi (2025), la pratique d'évaluation souffre de plus en plus du «dilemme de l'inutilisation», selon lequel les rapports satisfont les exigences de redevabilité mais restent largement inutilisés. Alors qu'ils restent conformes aux mandats des donateurs et des organisations, il est rare que leurs conclusions se traduisent en changements exploitables ou éclairent les décisions ultérieures des programmes.
En outre, les rapports se sont allongés considérablement au fil du temps avec une augmentation moyenne du nombre de mots d'environ 40 % depuis 2005, arrivant aujourd'hui à une moyenne de 11 300 mots par rapport (Nations Unies, 2025).Si cela démontre que les méthodes d'élaboration des rapports traditionnels utilisées par les Nations Unies ne séduisent plus un public mondial, une tendance similaire apparaît clairement dans de nombreuses autres organisations. Le groupe d'évaluation indépendant de la Banque mondiale (IEG) a été critiqué par exemple pour avoir publié des rapports d'évaluation qui sont excessivement longs, dépassés et insuffisamment adaptés aux besoins des équipes opérationnelles (Banque mondiale, 2014). Cette tendance met à jour un autre défi: le modèle de rapport traditionnel lourdement documenté ne fonctionne plus.
La communication des évaluations doit se centrer sur le public et être conçue en prenant en compte les différentes manières dont les utilisateurs consomment réellement les informations.
L'une des principales problématiques liées aux rapports d'évaluation de manière plus générale concerne la longueur excessive et le recours à un jargon difficile de nombre d'entre eux (Fatima, 2025). Ils utilisent pour la plupart un langage qui peut être bien compris par des spécialistes d'évaluation mais pas par une quelconque partie prenante, membre d'une communauté ou même bénéficiaire du programme. Cela soulève cette question fondamentale: Avec qui ou à qui le rapport communique-t-il réellement?

La solution possible
Nous vivons dans un monde dans lequel un rapport annuel ne suffit plus. Les destinataires attendent désormais des récits courts, efficaces et continus fournissant des informations 365 jours par an, tout format confondu. Des podcasts aux infographies, des carrousels LinkedIn aux séquences vidéo de 30 secondes, une forte implication naît des histoires dont les personnes se souviennent, et non des statistiques qu'elles oublient (Jarrar, 2025). Cette idée a été largement renforcée lors de la session I du GLocal 2025 à laquelle j'ai assisté, intitulée «Réinventer les rapports d'évaluation pour un impact réel», présentée par The Social Impact Consultancy (TSIC) (La méthodologie peut être téléchargée ici). Les présentateurs ont exposé une évolution essentielle qui consiste à faire commencer les évaluations par l'utilisateur et non par l'évaluateur. Ils ont présenté une méthodologie en quatre étapes qui réorganise la façon dont les conclusions de l'évaluation doivent être communiquées:
- Cartographier (identifier les cas d'utilisation des parties prenantes);
- Associer (sélectionner les produits de communication adaptés);
- Méthode (contexte de la conception-approches d'évaluation appropriée);
- Réaliser (créer des produits de communication clairs, attrayants et efficaces). (TSIC, 2025).
L'application de cette méthode dans un récent projet d'évaluation auquel j'ai pris part a apporté d'incroyables transformations. Lors de la phase de la cartographie, nous avons identifié nos destinataires principaux, composés de jeunes, de femmes, de leaders communautaires et de personnes âgées. Nous avons examiné de quelle manière chaque groupe utiliserait concrètement les conclusions. Cette étape nous a permis de regarder au-delà des étiquettes génériques attribuées aux parties prenantes et de reconnaître leurs besoins, leurs motivations et leurs comportements numériques spécifiques. La phase d'association a été également très fructueuse, car elle nous a obligés à associer chaque public à un format de communication qui les toucherait véritablement. Pour les jeunes, nous avons envisagé des vidéos courtes, des posts sur Instagram et des histoires résumées sur WhatsApp; pour les groupes de femmes, les dialogues communautaires associés à des résumés visuels d'une page; pour les participants plus âgés, des affiches imprimées et des résumés sur les panneaux d'affichage communautaires; pour le personnel du programme, une note d'apprentissage accompagnée d'un tableau de bord interactif. Cette étape a mis en évidence qu'une bonne communication n'est pas un produit unique indifférencié mais que différents publics exigent différentes manières de voir et d'absorber les informations.
Dans la phase relative à la méthode, nous avons conçu des approches adaptées au contexte pour collecter et interpréter les données. Nous avons utilisé par exemple des entretiens basés sur des histoires avec les participants plus âgés pour qui il était plus simple de partager des informations sous forme de conversation. Enfin, dans la phase relative à la réalisation, nous devions décider comment transformer les résultats en produits visuellement attrayants, accessibles et pratiques. Parmi les produits de communication, nous avons inclus l'utilisation de Canva pour la conception d'infographies et un tableau de bord interactif intégré à Google Sheet pour les responsables de programme. Chaque produit a été créé à des fins précises pour veiller à ce que les conclusions ne soient pas seulement disponibles, mais communicables aux destinataires visés.
En adoptant cette approche, nous avons observé une augmentation notable de l'implication, en particulier du personnel du programme, qui a utilisé le tableau de bord lors des sessions de planification, et des jeunes membres, dont l'implication accrue a été notée dans les évènements et les ateliers du programme. Cela a montré que les produits de communication n'avaient pas seulement le mérite d'exister, mais surtout d'être réellement utilisés.
En général, l'application de la méthodologie TSIC a amélioré notre approche de communication de l'évaluation. J'encourage et je soutiens donc l'adoption de cette méthodologie parmi les évaluateurs.
Les rapports ne doivent pas être uniquement des documents extrêmement prolixes: ce sont surtout des expériences, des histoires et des instruments stratégiques d'influence. Lorsqu'ils sont partagés et communiqués avec efficacité, ils permettent d'avoir un impact plus fort.
Liste des références
- Fatima, T, Z. (2025). LindedIn Post. Disponible à l'adresse: https://www.linkedin.com/in/fatima-t-zahra-ph-d-6877aa14/
- Munyayi, A. (2025). From Shelfware to Action: Unpacking the Utilization of Project Evaluation Reports in Zimbabwe’s Development Sector. [De l'inutilité à l'action: examen de l'utilisation des rapports d'évaluation dans le secteur du développement du Zimbabwe]. Disponible à l'adresse: https://doi.org/10.51244/IJRSI.2025.12050096
- Reuters. (2025). UN report finds United Nations reports are not widely read. [Rapport des Nations Unies révélant que les rapports des Nations Unies ne sont pas suffisamment lus]. Reuters.
- TCIS. (2025). GLocal Session: Reimagining Evaluation Reports to Create Real Impact. TCIS. [Session du GLocal: Réinventer les rapports d'évaluation pour un impact réel. TCIS]
- United Nations. (2025). Report of the Mandate Implementation Review (UN80 Initiative). [Rapport de l'examen de la mise en œuvre du mandat (Initiative UN80)]. United Nations.