L'élaboration de cadres de données solides pour suivre les émissions des gas à effet de serre (GES) et les actions en matière de climat est devenu un défi stratégique pour les pays d'Amérique latine.
L'élaboration de cadres de données solides pour suivre les émissions des gas à effet de serre (GES) et les actions en matière de climat est devenu un défi stratégique pour les pays d'Amérique latine. Des expériences récentes en Argentine, au Costa Rica et au Chili montrent que la disponibilité d'informations solides et comparables n'est pas seulement une exigence de l'Accord de Paris mais est aussi une condition pour mener des politiques publiques plus efficaces et instaurer la confiance au sein de la communauté internationale. Toutefois, la consolidation de ces systèmes dans la région suppose de surmonter les obstacles en matière de qualité des données, de disponibilité des ressources et de coordination institutionnelle
Argentine: la durabilité dépend de la continuité institutionnelle. Une leçon centrale est que les systèmes de mesure, rapportage et vérification ne peuvent pas être uniquement soutenus par des fondements techniques; ils nécessitent un cadre institutionnel stable avec des capacités d'adaptation. En Argentine, le renouvellement fréquent des équipes techniques et les changements de gouvernement ont affecté la continuité des processus, montrant que la durabilité des développements dépend de la mémoire institutionnelle et de la présence de cadres juridiques et d'accords interministériels dépassant les fluctuations politiques.
Chili: un inventaire solide comme résultat visible. Le cas du Chili illustre un défi et un résultat différents. Le projet de renforcement de la transparence a permis la consolidation de l'inventaire des émissions nationales à l'aide de méthodologies plus cohérentes, qui s'appuient sur les règles du Panel intergouvernemental sur le changement climatique (IPCC). Ce résultat est considéré comme la réalisation la plus visible du processus. Il a été possible malgré les obstacles présents tels que l'éparpillement des responsabilités entre les ministères et la nécessité de moderniser les flux d'informations sectoriels. L'expérience chilienne montre que, même dans des contextes institutionnels complexes, un objectif clair visant à améliorer la qualité de l'inventaire national parvient à mobiliser des ressources et à créer un consensus pour renforcer la transparence climatique.
Costa Rica: la transparence est renforcée à travers la participation. Dans le même temps, ces projets révèlent des opportunités. Le Costa Rica est parvenu à faire de son Système national de mesures du changement climatique (SINAMECC) une plateforme d'intégration qui relie les données sectorielles et permet aux différents acteurs – des ministères et de la société civile – d'accéder aux informations et de les utiliser. Cette ouverture facilite la collaboration, accroît l'utilisation des données et renforce la légitimité des politiques climatiques. Le cas du Costa Rica montre que la transparence repose aussi sur la participation et l'engagement des différents acteurs pour la production et la validation des informations.
Le renforcement des capacités multiplie les impacts et assure la continuité. Un autre aspect essentiel concerne le renforcement des capacités. Dans les trois pays, des investissements ont été faits dans la formation technique des fonctionnaires, le développement méthodologique et la création d'instruments numériques. Ces initiatives montrent que le renforcement des capacités a des effets multiplicateurs: des professionnels formés se déplacent dans d'autres institutions emmenant avec eux des compétences et des pratiques qui améliorent le niveau général du rapportage et des systèmes de planification sur le climat. Dans des contextes fédéraux – comme en Argentine – l'implication préalable des gouvernements provinciaux a été essentiel pour améliorer la qualité et la cohérence des informations régionales.

©Natalia
L'évaluation transforme la transparence en action. Enfin, l'évaluation de ces développements constitue un outil précieux pour améliorer les cadres de transparence. En analysant les réalisations, les goulets d'étranglement et la durabilité, les évaluations ont fourni des informations essentielles pour adapter les systèmes et assurer qu'ils réalisent leur finalité: rendre compte des développements et des défis de l'action climatique de manière claire et rigoureuse. La leçon principale est que la transparence n'est pas une fin, mais un moyen pour renforcer la redevabilité, éclairer la prise de décision et, en fin de compte, faire progresser la réalisation des engagements mondiaux pour le climat.
Références
- Ministère de l'environnement du Chili. 2022. Informe del Inventario Nacional de Chile 2022: Inventario nacional de gases de efecto invernadero y otros contaminantes climáticos 1990-2020. División de Cambio Climático. Santiago, Chili. Disponible à l'adresse: https://snichile.mma.gob.cl/wp-content/uploads/2023/04/2022_IIN_CL.pdf
- Ministère de l'environnement et du développement durable de l'Argentine. 2024. Inventario Nacional de Gases de Efecto Invernadero del Primer Informe Bienal de Transparencia: Argentina 2024. Disponible à l'adresse: https://inventariogei.ambiente.gob.ar/files/Booklet_INGEI_2024.pdf
- Ministère de l'environnement et de l'énergie du Costa Rica. 2023. SINAMECC: Sistema Nacional de Métrica del Cambio Climático. Disponible à l'adresse: https://sinamecc.go.cr
- Karlsson-Vinkhuyzen, S., Gupta, A. et Jollands, N. 2018. «Transparency in the Paris Agreement: Beyond the politics of accountability» dans Climate Policy, 18(7), 801–813. Disponible à l'adresse: https://doi.org/10.1080/14693062.2017.1337198