Vers une culture de résultats transformateurs et basés sur les preuves: renforcer le système de suivi, évaluation et apprentissage du Zimbabwe à travers la direction stratégique, la collaboration et l'innovation

Contexte et historique

La Vision 2030 du Zimbabwe et la Stratégie de développement national 1 (NDS1), alignées sur les objectifs de développement durable (ODD), mettent principalement l'accent sur la programmation basée sur les preuves et la redevabilité en matière de résultats. Au cours de la dernière décennie, des progrès notables ont été faits pour institutionnaliser le suivi, évaluation et apprentissage (SEA) à travers le Cadre de gestion intégrée basée sur les résultats (IRBM, Integrated Results-Based Management (IRBM) framework), la Politique et les Directives nationales en matière de suivi et évaluation, et la création d'unités de suivi et évaluation dans les ministères concernés, soutenue par une allocation de 10 % du budget et un investissement accru dans des systèmes de suivi numériques.

Le développement de ces systèmes complète l'engagement croissant du Zimbabwe au sein des réseaux d'évaluation mondiaux, notamment EvalforEarth, communauté de pratique d'évaluation dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l'environnement, de l'agriculture et du développement rural, avec plus de 2 400 membres, dont 80 du Zimbabwe. À travers cette plateforme, les praticiens du Zimbabwe partagent leur expérience nationale et les enseignements tirés avec leurs pairs internationaux, enrichissant ainsi l'apprentissage entre pays en vue de l'institutionnalisation du SEA.

La culture de l'évaluation continue à évoluer, bien que des défis demeurent, dont le non-respect de l'allocation de 10 % du budget au suivi et évaluation, la fragmentation des systèmes de données et une faible coordination entre les producteurs de données et les utilisateurs.

L'amélioration du système de SEA est essentielle pour produire des données immédiates, fiables et désagrégées, permettant la gestion adaptative, la redevabilité et l'offre améliorée de services. À cet égard, le Gouvernement du Zimbabwe et l'équipe pays des Nations Unies (UNCT) ont encouragé, à travers le Cadre de coopération pour le développement durable (Zimbabwe UN Sustainable Development Cooperation Framework, UNSDCF),  des initiatives visant à promouvoir les politiques basées sur les preuves, à améliorer les systèmes de données et d'informations, à encourager l'utilisation et la production de preuves et à renforcer les capacités de SEA individuelles et institutionnelles à travers les formations, l'apprentissage par les pairs et l'échange de connaissances.

©UNFPAzw

La première Semaine nationale du SEA s'est révélée être une initiative nationale phare, marquée par une forte volonté politique et la direction à haut niveau sous la houlette du Gouvernement du Zimbabwe. L'évènement a été officiellement inauguré par le Vice-Président de la République du Zimbabwe, Hon. (Rtd) Col. K.C.D. Mohadi, et son importance a été encore rehaussée par la participation de Son Excellence, Président E.D. Mnangagwa, à travers un message enregistré, ce qui reflète le plus haut niveau d'adhésion politique au programme de SEA du pays. La présence du Secrétaire Général du Président et du Cabinet, M. Rushwaya, et du Haut Conseiller du Président pour le suivi et la mise en œuvre des programmes du Gouvernement, J. Gumbo, a également reflété le fort engagement du Gouvernement pour institutionnaliser la gouvernance basée sur les preuves et renforcer les systèmes nationaux pour la redevabilité, l'apprentissage et les résultats. Le Coordonnateur résident des Nations Unies, E. Kallon, a également prononcé un discours réaffirmant le partenariat des Nations Unies avec le Zimbabwe pour renforcer les écosystèmes nationaux de suivi, évaluation et apprentissage.

En rassemblant plus de 300 parties prenantes issues du Gouvernement, du parlement, des partenaires de développement, de la société civile, des universités et du secteur privé, la Semaine du SEA a donné naissance à une nouvelle plateforme nationale pour l'apprentissage partagé, l'innovation et l'échange entre pairs. Elle a montré de nouveau l'engagement du Zimbabwe pour un développement basé sur les données, inclusif et sensible au genre. Elle s'est révélée en outre très utile pour mettre en relation la communauté d'évaluation du Zimbabwe avec les réseaux de connaissances mondiaux, tels que la Communauté de pratique EvalforEarth, élargir les opportunités de collaboration, renforcer l'apprentissage par les pairs, et améliorer la visibilité des initiatives nationales dans les dialogues plus larges d'évaluation mettant l'accent sur la durabilité.

Historique du renforcement des capacités nationales en suivi et évaluation
 

Programmation et organisation de la semaine du SEA

Le Gouvernement du Zimbabwe, en collaboration avec l'UNCT, a coordonné la programmation et l'organisation de la première Semaine nationale du SEA. L'évènement a été guidé par une note conceptuelle conjointe qui s'est conformée aux priorités nationales, aux nouvelles problématiques en matière de SEA, et aux engagements de la Vision 2030. Le processus a été éclairé par l'apprentissage des pairs et les échanges techniques avec l'Association sud-africaine de suivi et évaluation (South African Monitoring and Evaluation Association, SAMEA), qui a fourni des idées précieuses pour organiser un évènement d'apprentissage inclusif et efficace.

Afin de garantir une Semaine du SEA bien organisée, inclusive et efficace, six comités multi-acteurs ont été créés, comprenant des représentants des ministères et départements du Gouvernement, des autorités locales, des universités, des agences des Nations Unies, des organisations de bénévoles pour l'évaluation professionnelle (VOPE), du secteur privé et des jeunes bénévoles:

• Le Comité de pilotage a assuré la direction stratégique et la supervision générales.
• Le Comité de programme a défini le programme et coordonné les intervenants pour refléter les priorités nationales en matière de SEA.
• Le Comité pour les contenus de connaissance a organisé les sessions techniques, revu les résumés et généré des produits de connaissance pour tirer des enseignements au-delà de l'évènement.
• Le Comité pour la communication et la publicité a géré la visibilité et l'implication des médias, afin de veiller à une large diffusion des principaux messages.
• Le Comité des partenariats et de la mobilisation de ressources a sécurisé le soutien financier et technique des partenaires.
• Le Comité de gestion des évènements a coordonné la logistique et l'implication des participants.

Points saillants de la semaine du SEA 2025 

©UNFPAzw

Les sessions tenues durant la Semaine ont examiné l'élaboration de politiques basées sur les preuves, l'innovation en matière de données, le suivi et évaluation inclusifs et le renforcement de capacités, en présentant la collaboration intersectorielle et les nouveaux outils de renforcement du système de SEA du Zimbabwe.

Principaux enseignements tirés

1. La direction politique à haut niveau est essentielle pour accélérer l'institutionnalisation du SEA.

La présence et la participation des représentants au plus haut niveau du Gouvernement, dont le Président (à travers un message enregistré), le Vice-Président, le Secrétaire Général du Président et du Cabinet, et le Haut Conseiller ont montré qu'un fort engagement politique est un facteur essentiel du renforcement du système de SEA national. Une telle implication augmente la confiance des parties prenantes, encourage la participation dans les différents secteurs et renforce le suivi et évaluation comme priorité de gouvernance stratégique plutôt que comme exercice technique.

2. L'implication multi-acteurs améliore l'appropriation et l'apprentissage collectif.

L'implication de plus de 300 participants du Gouvernement, des agences des Nations Unies, de la société civile, des universités et des partenaires de développement a montré l'importance des différentes perspectives pour le renforcement des capacités nationales de SEA. Rassembler divers acteurs a encouragé la compréhension commune, l'apprentissage par les pairs et la résolution conjointe des problèmes – ingrédients essentiels pour un écosystème de SEA résilient.

3. Les partenariats stratégiques renforcent le développement du système de SEA.

La direction conjointe de l'évènement par le Gouvernement et le Coordonnateur résident des Nations Unies a montré une forte collaboration entre les institutions nationales et les partenaires de développement. Ce modèle de partenariat facilite l'alignement des priorités nationales en matière de SEA sur les bonnes pratiques internationales et augmente les opportunités de soutien technique et de mobilisation de ressources.

4. La visibilité dans les réseaux mondiaux renforce les écosystèmes d'apprentissage nationaux.

Les liens avec des plateformes mondiales telles que EvalforEarth Community of Practice ont augmenté les opportunités de partage des connaissances et inséré le travail du Zimbabwe en matière de suivi et évaluation dans les dialogues mondiaux d'évaluation de la durabilité. Ces liens améliorent la visibilité du pays et offrent un accès aux innovations et aux expériences des pairs d'autres nations.

5. Les plateformes de haut niveau créent un élan pour la redevabilité et la mise en œuvre axée sur les résultats.

La Semaine nationale du SEA a donné naissance à une plateforme unie permettant de réaffirmer les engagements en faveur de la transparence, de la gestion basée sur les résultats et de la prise de décision basée sur les preuves. Les intervenants au plus haut niveau donnent le ton pour des mécanismes de redevabilité plus forts et pour contribuer à orienter la mise en œuvre des priorités nationales convenues.

6. Des messages clairs des dirigeants permettent la convergence des institutions nationales. 

Les messages du Président et du Vice-Président contribuent à renforcer la cohérence entre les ministères, les départements et les organismes en communiquant les attentes partagées concernant l'utilisation des données, le suivi et l'évaluation. Cet alignement est essentiel pour améliorer la coordination et la cohérence en matière de rapportage et de gestion de la performance.

7. La cohérence efficace des politiques et leur élaboration basée sur les preuves exigent une coordination inclusive structurée.

L'expérience de la Semaine du SEA a montré que la fragmentation des efforts ne permet pas de relever les défis nationaux. Le succès dépend de la suppression des cloisonnements et de la création de systèmes intégrés à travers des mécanismes tels que des comités de pilotage conjoints, des équipes de programmation multi-acteurs et des plans de travail conjoints.

8. Au-delà de l'engagement des dirigeants, prendre en compte les données et les voix des citoyens comme facteurs stratégiques pour faire progresser le suivi et évaluation stratégique.

• L'égalité ne peut pas être accomplie en l'absence des preuves et des voix qui guident et mesurent les progrès. Le suivi et évaluation inclusif n'est pas une priorité de deuxième ordre; c'est le fondement des résultats en termes de redevabilité et de développement durable. Ainsi, la création de systèmes inclusifs requiert un investissement dans des mécanismes qui génèrent des données solides et désagrégées, en institutionnalisant la participation significative des groupes marginalisés comme contributeurs actifs des cycles politiques et de programmation. En l'absence de données et d'implication, le suivi inclusif devient impossible et les interventions risquent de laisser de côté ceux qui sont le plus dans le besoin, en compromettant l'engagement national visant à ne laisser personne de côté.
• Il est important de noter que les évaluateurs zimbabwéens contribuent déjà à l'apprentissage mondial pour un suivi et évaluation inclusif. Des membres zimbabwéens ont par exemple partagé leur réflexion sur le genre, l'inclusion sociale et l'engagement des jeunes, lors d'un travail thématique d'EvalForEarth sur l'évaluation inclusive et participative, présentée dans le blog «Réflexions sur les programmes de réduction des risques de catastrophe d'un point de vue centré sur les filles», qui illustre la manière dont les preuves peuvent faire entendre les voix marginalisées.

9. Le renforcement des capacités est efficace quand il est institutionnalisé, professionnalisé et soutenu par la collaboration, en veillant à ce que les preuves éclairent la prise de décision et le développement de politiques inclusives.

• Les initiatives de formation de court terme renforcent souvent les compétences temporaires mais se traduisent rarement en capacité durable institutionnelle. L'instauration d'une culture de la gouvernance résiliente et basée sur les preuves nécessite de reconnaître le suivi et évaluation à la fois comme profession spécialisée et compétence pratique, renforcée continûment par l'apprentissage pratique, le parrainage et l'échange avec les pairs.
• EvalforEarth soutient cette approche en offrant des espaces d'apprentissage entre pairs, des opportunités de parrainage et des échanges triangulaires Sud-Sud qui complètent les efforts de renforcement de la capacité d'évaluation nationale du Zimbabwe. Les membres ont partagé leurs expériences à travers des blogs et des discussions en ligne, faisant progresser l'apprentissage sur les capacités d'évaluation, la résilience et l'innovation.

Conclusion

La première semaine nationale du SEA 2025 a été une étape cruciale pour le renforcement de l'architecture de la gouvernance basée sur les résultats du Zimbabwe et réaffirmer l'engagement du pays pour le développement éclairé par les preuves. La participation active de Son Excellence Président E.D. Mnangagwa à travers un message enregistré, du Vice-Président, des Hauts fonctionnaires du Gouvernement, et du Coordonnateur résident des Nations Unies a dénoté l'engagement politique sans précédent pour l'intégration du SEA au cœur du processus de développement national. Cette reconnaissance à haut niveau, associée à l'implication de plus de 300 acteurs, a montré une forte appropriation du programme de SEA et donné un nouvel élan à l'institutionnalisation de la culture de la redevabilité, de la transparence et de l'apprentissage continu.

À l'avenir, le soutien des progrès réalisés nécessite des investissements stratégiques et coordonnés pour le renforcement des capacités institutionnelles, la modernisation des systèmes intégrés de données et le renforcement des mécanismes de coordination inclusifs entre le Gouvernement et ses partenaires. Une collaboration continue avec les organismes professionnels nationaux et les réseaux mondiaux tels que EvalforEarth sera essentielle pour promouvoir l'innovation, étendre l'apprentissage par les pairs et placer le Zimbabwe au rang de nouveau leader pour l'élaboration de politiques basées sur les preuves. À travers ces efforts, le Zimbabwe est sur la bonne voie pour accélérer les progrès vers la Vision 2030 et les ODD, en garantissant que les actions de développement restent adaptées, inclusives et éclairées par des preuves solides.