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RE: Evaluating Agri-Food Systems Transformation Policies and Regulations

Lal - Manavado

Norway

Lal - Manavado

Consultant

Independent analyst/synthesist

Posté le 18/02/2025

 

Salutations !

Tout d’abord, nous souhaiterions que cette contribution soit compréhensible par tous, qu’il s’agisse d’un professionnel de l’évaluation, d’un producteur alimentaire ou d’un simple consommateur. Autrement, elle risquerait de devenir une publication académique inaccessible aux personnes véritablement concernées par les politiques et réglementations influençant les systèmes alimentaires.

Il est simple et évident de définir ce que ces politiques et réglementations devraient permettre aux systèmes alimentaires d’accomplir. Toutefois, les théoriciens oublient souvent que les attentes et les besoins des utilisateurs finaux des systèmes alimentaires varient considérablement. Leurs préférences et exigences sont principalement dictées par leur culture alimentaire, qui revêt à la fois une importance physiologique et environnementale qu’il ne faut pas négliger.

En résumé, les politiques et réglementations efficaces en la matière devraient orienter les systèmes alimentaires de manière à atteindre les objectifs suivants :

  • Leur fonctionnement doit être progressivement plus durable sur le plan environnemental, car la plupart des systèmes actuels ne le sont pas. Il est donc nécessaire d’avancer progressivement vers leur durabilité future.
  • Leur production doit être guidée, dans la mesure du possible, par les normes de la culture alimentaire locale.
  • Leur production doit être suffisante pour permettre aux consommateurs finaux d’accéder à une alimentation saine, variée et équilibrée.
  • Leur production doit être physiquement accessible et financièrement abordable pour les consommateurs finaux.
  • Les pertes alimentaires doivent être réduites au maximum. Or, ni les politiques ni les réglementations n’offrent un moyen efficace de diminuer les pertes alimentaires au niveau domestique. Cependant, elles peuvent être utiles pour limiter ces pertes dans les sous-systèmes de commerce, de stockage et de transport au sein des systèmes alimentaires.

Il n’est pas nécessaire d’insister sur le fait que, si ces critères ne sont pas remplis, aucune amélioration technique des systèmes alimentaires ni aucun mécanisme de financement ne permettra de résoudre les problèmes de la faim, de la malnutrition et de la nutrition inadéquate qui sévissent encore aujourd’hui à travers le monde. La conformité d’un système alimentaire à ces critères devra être évaluée par une inspection locale, ce qui permettra ensuite d’élaborer des réglementations générales pertinentes.

Cependant, il faut garder à l’esprit que ces réglementations seront sans valeur si aucun mécanisme n’existe pour les appliquer avec la rigueur nécessaire.

Il est souvent tentant d’orienter les politiques et réglementations au bénéfice exclusif d’un groupe particulier de producteurs alimentaires, de récoltants (par exemple, les pêcheurs) ou de consommateurs finaux. Cependant, une analyse approfondie de tout système alimentaire révélerait que la pauvreté des agriculteurs, ainsi que la malnutrition et les carences nutritionnelles, sont fréquemment le résultat d’inégalités dans le sous-système commercial du système alimentaire concerné.

Toutes choses étant égales par ailleurs, les déficiences des autres sous-systèmes d’un système alimentaire peuvent produire les mêmes effets, qu’il s’agisse d’une production alimentaire insuffisante du sous-système agricole ou de pertes excessives lors du transport et du stockage.

L’objectif d’une politique alimentaire et agricole est de permettre à la population d’un pays d’accéder régulièrement aux denrées nécessaires pour bénéficier d’une alimentation saine, variée et équilibrée à un coût abordable.

L’atteinte de cet objectif requiert un ensemble de stratégies dont la nature spécifique dépend de la culture alimentaire en vigueur dans chaque pays.

Le succès d’une telle politique repose sur deux exigences fondamentales. Tout d’abord, les stratégies mises en œuvre doivent être cohérentes entre elles, autrement dit, elles doivent garantir une harmonie intra-politique.

Par exemple, dans un pays où la majorité de la population souffre de malnutrition, une politique agroalimentaire favorisant l’investissement dans des cultures de rente serait en contradiction avec l’objectif mentionné ci-dessus. Parfois, certaines organisations internationales sont responsables de telles incohérences, comme l’illustre le cas de la Banque mondiale, qui a contraint certains gouvernements d’Afrique de l’Ouest à exporter leur production d’arachides, entraînant une malnutrition protéique chez les enfants.

Ensuite, étant donné qu’un système alimentaire est composé de plusieurs sous-systèmes relevant de la compétence de différents ministères, leurs politiques respectives peuvent entrer en conflit avec l’objectif principal de la politique alimentaire et agricole du pays. Une telle disharmonie inter-politique pourrait avoir des conséquences extrêmement néfastes pour les populations concernées.

Prenons l’exemple d’une politique commerciale autorisant l’importation de nouveaux produits alimentaires ou la création de grandes exploitations agricoles industrielles étrangères en monoculture. De telles mesures pourraient avoir des effets désastreux sur les petits exploitants, les détaillants indépendants et l’état général de la nutrition dans le pays concerné.

L’obtention de l’harmonie inter-politique requise est difficile pour trois raisons :

  1. Les intérêts particuliers qui influencent tous les gouvernements.
  2. La norme bureaucratique qui consiste à se retrancher derrière « l’autonomie institutionnelle » afin de préserver le statu quo.
  3. Le manque d’ouverture intellectuelle et de compétence nécessaires pour appréhender l’importance de cette harmonisation dans chaque domaine où les autorités doivent tenir leurs engagements.

Un lecteur attentif remarquera que, si l’élaboration des réglementations nécessite des enquêtes de terrain, la vérification d’une harmonie satisfaisante, tant intra-politique qu’inter-politique, doit être réalisée avant la mise en œuvre des stratégies définies. Ce processus peut rencontrer diverses difficultés, mais s’il n’est pas mené à bien, l’échec, même partiel, d’une politique alimentaire et agricole donnée est inévitable. L’inertie des traditions bureaucratiques et la fascination pour le jargon technique des experts apparaissent comme les principaux obstacles au progrès dans ce domaine.

Meilleurs vœux !

Lal Manavado