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Monira Ahsan

Bangladesh

Monira Ahsan Member since 02/05/2025

Independent

Independent Postdoctoral Researcher
  • Self/decentralized evaluations assessing OECD DAC criteria.
  • Programme and Partnership Management, Institutional Capacity Strengthening, Political Economy and Context Analysis, Legal and Policy Frameworks Analysis, and developing Policy Briefs, Papers, and Policy Advocacy.
  • Intersectional and Multidimensional Analysis of Gender, mainstreaming Gender Equality, Diversity, and Social Inclusion (GESI), and Protection in Health, Education, Protection, Food Security, Livelihoods, and Nutrition programmes.
  • Gendered Impact of Forced Migration and Displacements on Health, Human Security issues of Forced Migrants and Refugees, and Impact of Climate Challenges on Health.
  • Gender-Based Violence (GBV), Protection and Response to Sexual Abuse and Exploitation (PSEA), alongside Child Protection and Social Protection.
  • Mixed Methods, Human Rights, Social Relations, Capability Approaches, Feminist Methodologies, Gender and Intersectionality, Participatory Research, and Policy-Relevant Academic, Applied, and Implementation Research.

 

My contributions

    • Monira Ahsan

      Bangladesh

      Monira Ahsan

      Independent Postdoctoral Researcher

      Independent

      Posté le 20/05/2025

      Chères et chers collègues,

      Merci d’avoir lancé et enrichi ce dialogue passionnant. Bien que je n’aie pas encore évalué d’initiatives de Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST), je m’appuie sur mes 20 années d’expérience, dont 10 premières années comme praticienne du développement, et les 10 suivantes en tant que chercheuse et évaluatrice dans des contextes de développement et d’urgences humanitaires en Asie du Sud, Asie Centrale, Asie du Sud-Est et Afrique de l’Est.

      Quelles approches ou outils d’évaluation avez-vous trouvés efficaces pour évaluer les initiatives de CSST ?

      Bien que j’aie utilisé les méthodes mixtes selon les projets, j’ai constaté qu’une approche qualitative et participative, axée à la fois sur les processus et les impacts, permet une meilleure compréhension, une rigueur accrue et des analyses plus approfondies. Lors de l’évaluation selon les critères du CAD de l’OCDE, les méthodologies féministes intersectionnelles se sont révélées particulièrement puissantes pour évaluer les projets traitant du genre, de l’intersectionnalité, de la décolonisation et de la recherche participative. Ce cadre valorise les expériences vécues, intègre les considérations culturelles et éthiques, et promeut la justice sociale.

      Dans une évaluation décentralisée récente, une auto-évaluation interne combinée à une cartographie des résultats par les méthodes Outcome Harvesting et Outcome Mapping a permis de mieux comprendre l’efficacité et les impacts des projets de quatre partenaires de mise en œuvre. Plutôt que de se baser sur leurs cadres de résultats, nous avons collecté et classé les résultats à différents niveaux : individuel (autonomisation des femmes et des filles), communautaire (changements de normes et pratiques), organisationnel (cadre de mise en œuvre) et politique (environnement global). Ces outils ont aussi permis d’explorer la complexité de l’attribution et de révéler des résultats tangibles et intangibles. L’approche centrée sur l’utilisation a généré des conclusions pertinentes pour la prise de décisions et les politiques publiques.

      https://cdn.sida.se/app/uploads/2024/08/13134122/62720_DE2024_17_Evaluation-of-Swedens-support-to-Womens_WEB.pdf

      Quels défis avez-vous rencontrés — méthodologiques, politiques ou opérationnels ?

      Défis méthodologiques

      Le manque de temps et de budget est un défi récurrent dans les évaluations décentralisées. Trop peu de ressources sont allouées à la collecte de preuves empiriques, tout en exigeant une grande rigueur analytique. Évaluer des résultats complexes avec plusieurs partenaires et produire un rapport unique reste un défi, surtout quand chaque partenaire attend un rapport spécifique. Les contextes comme les camps de réfugiés Rohingyas posent aussi des défis éthiques particuliers liés à la confidentialité.

      De plus, il est souvent difficile de trouver des évaluateurs bien formés dans le Sud, même parmi les seniors. Par exemple, un chef d’équipe a admis ne pas savoir utiliser les critères OCDE/CAD, bien qu’il l’ait déclaré dans sa candidature.

      Défis politiques

      Dans les camps Rohingyas, discuter des droits humains était politiquement sensible. Lors d'une formation, mes collègues expatriés ont ignoré mon conseil d’éviter ces sujets ; la formation a été interrompue par les forces de renseignement. J’étais alors la seule Bangladaise de l’équipe et me suis sentie vulnérable. J’ai aussi été confrontée à des pressions de la part d’un coordinateur d’ONG qui m’a demandé de modifier les conclusions d’un rapport pourtant fondées sur des preuves solides, par crainte de réactions négatives du donateur.

      Défis opérationnels

      Les lacunes en matière de données (absence de ligne de base, indicateurs incohérents) sont fréquentes. Dans un projet africain, on m’a demandé de produire une ligne de base alors qu’aucun cadre de résultats n’avait été utilisé. Dans les contextes humanitaires, la rotation du personnel et la mémoire institutionnelle faible compliquent encore l’évaluation. Le manque d’investissement dans les capacités des ONG locales contribue à l’inefficacité des systèmes de suivi, évaluation et rapportage.

      Malgré une implication limitée des partenaires dans la conception des cadres d’évaluation, impliquer de manière significative les bénéficiaires demeure presque impossible sans un changement dans les politiques, attitudes et valeurs des bailleurs.

      Comment pouvons-nous, en tant qu’évaluateurs, renforcer la visibilité, l’apprentissage et l’impact de la CSST dans ce contexte d’aide en mutation ?

      Adopter une approche systémique est crucial. Elle tient compte de l’interconnexion des dynamiques politiques, sociales, économiques et environnementales du Sud, encourage l’adaptation et favorise une réflexion continue. Elle implique toutes les parties prenantes, y compris les bénéficiaires, dans l’identification des problèmes, la conception de cadres et l’analyse des effets directs et indirects.

      Cette approche peut être enrichie par des cadres analytiques comme l’Approche par les capacités, l’Approche des relations sociales, ou le Cadre féministe intersectionnel, qui analysent les causes profondes de l’inégalité et de l’exclusion sociale.

      Mettre en place des systèmes d’assurance qualité, des revues externes et revues par les pairs permet de renforcer la crédibilité des évaluations. Une diffusion stratégique adaptée à chaque public et une meilleure intégration des résultats dans les politiques et la gestion des connaissances sont essentielles. Enfin, les méta-évaluations, analyses thématiques et revues de recommandations peuvent produire des résultats riches, complexes et utiles.

      Dans l’attente de poursuivre cette conversation essentielle.

      Cordialement,
      Monira Ahsan, PhD