- Agriculture
- Biodiversité
- Capacity Development
- Changement climatique
- Methodes d’évaluation
- Processus d'évaluation
- Sécurité alimentaire
- Genre
- Humanitaire
- Évaluation d'impact
- Suivi et évaluation
- Capacités nationales d'évaluation
- Approches participatives
- Pauvreté
- Gestion axée sur les résultats
- Développement rural
- ODD
Objectif: Encourager le dialogue entre les évaluateurs et les praticiens du développement sur la manière d'évaluer efficacement les initiatives de coopération Sud-Sud et triangulaire (CSST). Cette discussion vise à partager les expériences pratiques, les approches d'évaluation et les enseignements tirés, en identifiant de quelle manière l'évaluation peut contribuer à renforcer l'impact de la coopération.
Contexte de la coopération Sud-Sud
La coopération Sud-Sud (CSS) signifie que des pays en voie de développement collaborent pour atteindre des objectifs de développement communs à travers l'échange de connaissances, de compétences et de technologies. Elle est fondée sur les avantages mutuels, la solidarité et le respect de l'appropriation nationale. La coopération triangulaire implique un pays développé ou une organisation internationale pour soutenir ces efforts. Avec l'évolution de la configuration du développement mondial et les récents changements des politiques d'assistance dans les pays du Nord, la CSS et la coopération triangulaire sont de plus en plus reconnues comme essentielles pour atteindre les objectifs de développement durable. Elles ne remplacent pas la coopération Nord-Sud mais la complètent.
Les approches d'évaluation utilisées au sein des Nations Unies
Les Nations Unies promeuvent la coopération Sud-Sud depuis la fin des années 70. Depuis lors, différentes organisations des Nations Unies ont adopté des méthodes variées pour évaluer ses contributions:
- La FAO a utilisé l'analyse de portefeuille, des études comparatives, des études de cas de pays et des enquêtes auprès des parties prenantes dans les évaluations générales au niveau de l'Organisation
- L'ONUDI a appliqué la théorie du changement, les observations sur le terrain, les consultations des parties prenantes, l'analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités, menaces) et l'analyse statistique dans les évaluations au niveau des pays.
- L'UNICEF renforce le suivi de ses indicateurs principaux standard pour mieux comprendre l'ampleur des activités en faveur de la CSST, en améliorant ainsi la possibilité d'évaluer ces initiatives ciblées sur les enfants.
Principaux défis observés dans l'évaluation de la CSST
- L'insuffisance d'orientations harmonisées: l'absence de critères convenus rend difficile de démontrer la valeur de ces interventions de CSST, en particulier compte tenu du non-alignement de certaines évaluations sur les critères du CAD de l'OCDE.
- La mesure des résultats: il est difficile d'évaluer les effets intangibles tels que la volonté politique, l'apprentissage mutuel et l'appropriation.
- Les lacunes en matière de données: systèmes de suivi inadéquats et investissements insuffisants pour rassembler des preuves sur les résultats.
- La complexité de l'attribution: il est difficile de distinguer l'impact de la CSS des autres contributions en matière de développement.
- Les sensibilités politiques et opérationnelles: en particulier lorsque la coopération implique des puissances émergentes ou est liée à la diplomatie nationale.
Questions pour votre réflexion:
- Quelle a été votre expérience en matière d'évaluation de la coopération Sud-Sud ou triangulaire?
- Votre organisation dispose-t-elle de directives ou d'instruments spécifiques pour ces évaluations?
- Quels défis avez-vous dû relever lors de l'évaluation des initiatives de CSST?
- Quels enseignements avez-vous tirés qui pourraient être utiles aux autres?
- Comment les évaluateurs peuvent-ils contribuer à une utilisation plus efficace de la CSST?
À l'occasion de l'UNEG 2025 Evaluation Practice Exchange, le personnel des Nations Unies a identifié quelques actions potentielles permettant d'améliorer l'évaluation des interventions de CSST, allant de l'adaptation des cadres d'évaluation pour refléter les principes de la CSS tels que l'horizontalité, les avantages mutuels et la solidarité; le renforcement des capacités d'évaluation des pays du Sud et la promotion des processus d'évaluation dirigés par le Sud comme moyen de contextualiser et de minimiser les risques qui pourraient naître des sensibilités locales; l'amélioration de la documentation et de la transparence des initiatives de CSST à travers des meilleurs systèmes de données, en facilitant l'accès aux preuves de ce qui marche, dans quelles conditions et pourquoi.
Vos idées contribueront à une compréhension plus riche de la manière dont l'évaluation des interventions de CSST peut être plus réactive, adaptée localement et percutante. Nous attendons avec impatience vos réflexions!
Discussion proposée par:
- Carlos Tarazona (FAO)
- Arwa Khalid (FAO)
- Javier Guarnizo (ONUDI)
- Xin Xin Yang (UNICEF)
La discussion est ouverte jusqu’au 29 mai 2025.
This discussion is now closed. Please contact info@evalforearth.org for any further information.
China
Xin Xin Yang
UNICEF
Posté le 09/06/2025
As we wrapped up last week’s discussion on the evaluation of South-South and Triangular Cooperation, we continued to receive valuable insights from evaluation practitioners with diverse experiences and perspectives. Their contributions deepened our understanding of effective approaches, challenges, and opportunities in evaluating SSTC across different contexts.
Svetlana Negroustoueva from CGIAR shared insights on evaluating SSTC initiatives based on CGIAR’s experience as a global research consortium. She highlighted CGIAR’s evaluation policy, which emphasizes the Quality of Science and legitimacy through ethical, collaborative research -- often evaluated through tools like Social Network Analysis. Key challenges include data gaps and attribution complexity, but designated partnership frameworks and adaptive evaluation approaches help enhance learning, accountability, and strategic planning.
Dr. Monira Ahsan advocates for participatory, intersectional, and systems-based approaches—like Outcome Harvesting and Intersectional Feminist Methodologies—to evaluate complex development and humanitarian initiatives, including SSTC. To enhance SSTC’s visibility and impact, she emphasizes systems thinking, inclusive stakeholder engagement, and strong quality assurance. She also highlights the importance of meta-evaluations and strategic dissemination to foster learning and long-term influence.
Although the online discussion has concluded, the interest and momentum it generated will certainly continue. In 2023, South–South trade surpassed North–South trade, signaling a transformative shift that is expanding markets and redefining global partnerships. As SSTC grows in relevance and impact, we look forward to more insightful exchanges on its role in shaping the future of development.
Italy
Svetlana I Negroustoueva
Lead, Evaluation Function
CGIAR
Posté le 26/05/2025
Dear colleagues,
Thank you for bringing up such an important topic and all the insights from the COP members. I am offering insights from CGIAR, a consortium of 13 agricultural research centers which are primarily based in the global South. Through and with partners, including national agricultural research systems, CGIAR centers work collaboratively and evaluations of CGIAR’s portfolio then prioritize approaches and methods to capture elements of, albeit not necessarily in the context of a formal SSTC framework.
CGIAR’s evaluation policy (link) includes the Quality of Science eval criterion, at its core- ‘legitimacy’ through ethical research practices- a designated evaluation guidance was developed (link, also in Spanish). To operationalize QoS, process/performance evaluations often involve analyzing collaborative research, capacity-building, and knowledge exchange among researchers in the global north-south, and of research done in the global South- (see brief on partnerships). Among the specific tools tailored to SSTC, Social Network Analysis (SNA) has proven to be a useful tool (see SNA Guide from CGIAR, and example of report).
Common challenges include monitoring data scarcity, lacking documentation such as MOUs, attribution complexities in contexts of multiple interventions by CGIAR centers, and external partners to CGIAR, and limited ability to comprehensively capture depth of diversity of stakeholder perspectives. On the other hand, designated Partnerships Frameworks and Strategies greatly facilitate evaluability of such efforts.
Watch out or a designated gLOCAL session from CGIAR on use of SNA to evaluate partnerships. : https://zoom.us/webinar/register/WN_k-2ak4d9Rjef_KLo_yS6XQ Top of Form
Svetlana Negroustoueva -Lead, Evaluation Function, The Independent Advisory and Evaluation Service, CGIAR.
China
Xin Xin Yang
UNICEF
Posté le 20/05/2025
Troisième Semaine : Approfondissement des Perspectives Méthodologiques avec un Accent sur l’Apprentissage et l’Adaptabilité
La troisième semaine de discussions a poursuivi le développement des perspectives méthodologiques amorcées lors des deux premières semaines, en maintenant une attention constante sur les approches axées sur l’apprentissage. Une dimension nouvelle et significative a également été introduite : la gestion adaptative de l’évaluation.
Méthodes d’Évaluation Axées sur l’Apprentissage
Claudia F. C. (Gavi) a souligné l’importance de mettre en œuvre des méthodes d’évaluation qui privilégient l’apprentissage plutôt que la reddition de comptes, en particulier pour capter les bénéfices intangibles et les changements émergents dans le cadre de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST). Forte de son expérience dans des initiatives multi-pays et multi-acteurs, elle a recommandé plusieurs méthodologies innovantes : la Récolte des Résultats, le Changement le Plus Significatif, la Cartographie des Réseaux et Systèmes, et l’Évaluation Développementale. Ces méthodes sont particulièrement adaptées pour analyser l’influence, les relations, la diffusion des connaissances et les systèmes d’apprentissage mutuel, qui sont au cœur de la CSST.
Gestion Adaptative de l’Évaluation
Pietro Tornese a insisté sur l’importance de la gestion adaptative de l’évaluation dans le contexte de la CSST, où la diversité des parties prenantes et les contextes évolutifs exigent de la flexibilité. Les approches adaptatives permettent aux évaluateurs d’ajuster en temps réel les questions et les méthodes, afin de mieux capturer des résultats émergents tels que de nouveaux partenariats ou des évolutions politiques. De plus, cette approche favorise l’appropriation et renforce les capacités d’évaluation dans les pays du Sud, en impliquant les acteurs locaux en tant que participants actifs, plutôt que comme simples fournisseurs de données.
Bangladesh
Monira Ahsan
Independent Postdoctoral Researcher
Independent
Posté le 20/05/2025
Chères et chers collègues,
Merci d’avoir lancé et enrichi ce dialogue passionnant. Bien que je n’aie pas encore évalué d’initiatives de Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST), je m’appuie sur mes 20 années d’expérience, dont 10 premières années comme praticienne du développement, et les 10 suivantes en tant que chercheuse et évaluatrice dans des contextes de développement et d’urgences humanitaires en Asie du Sud, Asie Centrale, Asie du Sud-Est et Afrique de l’Est.
Quelles approches ou outils d’évaluation avez-vous trouvés efficaces pour évaluer les initiatives de CSST ?
Bien que j’aie utilisé les méthodes mixtes selon les projets, j’ai constaté qu’une approche qualitative et participative, axée à la fois sur les processus et les impacts, permet une meilleure compréhension, une rigueur accrue et des analyses plus approfondies. Lors de l’évaluation selon les critères du CAD de l’OCDE, les méthodologies féministes intersectionnelles se sont révélées particulièrement puissantes pour évaluer les projets traitant du genre, de l’intersectionnalité, de la décolonisation et de la recherche participative. Ce cadre valorise les expériences vécues, intègre les considérations culturelles et éthiques, et promeut la justice sociale.
Dans une évaluation décentralisée récente, une auto-évaluation interne combinée à une cartographie des résultats par les méthodes Outcome Harvesting et Outcome Mapping a permis de mieux comprendre l’efficacité et les impacts des projets de quatre partenaires de mise en œuvre. Plutôt que de se baser sur leurs cadres de résultats, nous avons collecté et classé les résultats à différents niveaux : individuel (autonomisation des femmes et des filles), communautaire (changements de normes et pratiques), organisationnel (cadre de mise en œuvre) et politique (environnement global). Ces outils ont aussi permis d’explorer la complexité de l’attribution et de révéler des résultats tangibles et intangibles. L’approche centrée sur l’utilisation a généré des conclusions pertinentes pour la prise de décisions et les politiques publiques.
https://cdn.sida.se/app/uploads/2024/08/13134122/62720_DE2024_17_Evaluation-of-Swedens-support-to-Womens_WEB.pdf
Quels défis avez-vous rencontrés — méthodologiques, politiques ou opérationnels ?
Défis méthodologiques
Le manque de temps et de budget est un défi récurrent dans les évaluations décentralisées. Trop peu de ressources sont allouées à la collecte de preuves empiriques, tout en exigeant une grande rigueur analytique. Évaluer des résultats complexes avec plusieurs partenaires et produire un rapport unique reste un défi, surtout quand chaque partenaire attend un rapport spécifique. Les contextes comme les camps de réfugiés Rohingyas posent aussi des défis éthiques particuliers liés à la confidentialité.
De plus, il est souvent difficile de trouver des évaluateurs bien formés dans le Sud, même parmi les seniors. Par exemple, un chef d’équipe a admis ne pas savoir utiliser les critères OCDE/CAD, bien qu’il l’ait déclaré dans sa candidature.
Défis politiques
Dans les camps Rohingyas, discuter des droits humains était politiquement sensible. Lors d'une formation, mes collègues expatriés ont ignoré mon conseil d’éviter ces sujets ; la formation a été interrompue par les forces de renseignement. J’étais alors la seule Bangladaise de l’équipe et me suis sentie vulnérable. J’ai aussi été confrontée à des pressions de la part d’un coordinateur d’ONG qui m’a demandé de modifier les conclusions d’un rapport pourtant fondées sur des preuves solides, par crainte de réactions négatives du donateur.
Défis opérationnels
Les lacunes en matière de données (absence de ligne de base, indicateurs incohérents) sont fréquentes. Dans un projet africain, on m’a demandé de produire une ligne de base alors qu’aucun cadre de résultats n’avait été utilisé. Dans les contextes humanitaires, la rotation du personnel et la mémoire institutionnelle faible compliquent encore l’évaluation. Le manque d’investissement dans les capacités des ONG locales contribue à l’inefficacité des systèmes de suivi, évaluation et rapportage.
Malgré une implication limitée des partenaires dans la conception des cadres d’évaluation, impliquer de manière significative les bénéficiaires demeure presque impossible sans un changement dans les politiques, attitudes et valeurs des bailleurs.
Comment pouvons-nous, en tant qu’évaluateurs, renforcer la visibilité, l’apprentissage et l’impact de la CSST dans ce contexte d’aide en mutation ?
Adopter une approche systémique est crucial. Elle tient compte de l’interconnexion des dynamiques politiques, sociales, économiques et environnementales du Sud, encourage l’adaptation et favorise une réflexion continue. Elle implique toutes les parties prenantes, y compris les bénéficiaires, dans l’identification des problèmes, la conception de cadres et l’analyse des effets directs et indirects.
Cette approche peut être enrichie par des cadres analytiques comme l’Approche par les capacités, l’Approche des relations sociales, ou le Cadre féministe intersectionnel, qui analysent les causes profondes de l’inégalité et de l’exclusion sociale.
Mettre en place des systèmes d’assurance qualité, des revues externes et revues par les pairs permet de renforcer la crédibilité des évaluations. Une diffusion stratégique adaptée à chaque public et une meilleure intégration des résultats dans les politiques et la gestion des connaissances sont essentielles. Enfin, les méta-évaluations, analyses thématiques et revues de recommandations peuvent produire des résultats riches, complexes et utiles.
Dans l’attente de poursuivre cette conversation essentielle.
Cordialement,
Monira Ahsan, PhD
Lebanon
Pietro Tornese
Posté le 14/05/2025
Chers collègues,
Merci d’avoir lancé cette discussion importante et nécessaire. Je souhaite apporter une perspective tirée de mon expérience dans l’évaluation d’interventions complexes impliquant des parties prenantes diverses et non traditionnelles—une expérience qui me semble particulièrement pertinente pour les évaluations de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST).
Il est crucial de passer à des approches de gestion adaptative de l’évaluation, qui transforment l’évaluation en un dialogue en temps réel, plutôt qu’un simple exercice rétrospectif. Dans les pays les moins avancés (PMA), les évaluations adaptatives ont permis aux gouvernements, OSC et réseaux locaux de voir leurs contributions immédiatement prises en compte, renforçant ainsi l’appropriation, la confiance et la pertinence. Trois points principaux :
1. Diversité des parties prenantes : Les interventions de CSST mobilisent des acteurs très variés – communautés locales, ministères nationaux, réseaux régionaux et partenaires internationaux. Chaque niveau fonctionne à son propre rythme, avec ses priorités et ses risques. Un design rigide d’évaluation risque de manquer des enjeux émergents. Une évaluation adaptative, en revanche, analyse continuellement le contexte, détecte signaux d’alerte et opportunités, et ajuste en conséquence les questions et les méthodes de collecte de données.
2. Effets émergents : Les interventions de CSST génèrent souvent des impacts inattendus – nouvelles collaborations, réseaux, changements politiques ou mobilisation accrue. Ces « effets d’entraînement » peuvent être captés presque en temps réel grâce à une gestion adaptative. Dans un contexte où les bailleurs exigent des preuves robustes, ce type d’évaluation permet de construire progressivement des éléments probants et d’affiner l’attribution.
3. Renforcement des capacités : Enfin, les évaluations adaptatives peuvent accélérer la montée en compétences des partenaires du Sud, en les impliquant comme co-évaluateurs actifs plutôt que comme simples fournisseurs de données, les préparant à piloter des processus évaluatifs futurs dans leurs propres contextes.
Switzerland
Claudia Lo Forte
Senior Programme Officer - Evaluation and Learning
Gavi
Posté le 14/05/2025
Excellente discussion ! Comme Eddah, même si je n’ai pas été directement impliqué(e) dans des évaluations spécifiquement qualifiées de Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST), j’ai travaillé sur plusieurs initiatives impliquant plusieurs pays et parties prenantes.
À partir des commentaires précédents et de mon expérience, je pense que les méthodes qui mettent l’accent sur l’apprentissage plutôt que sur la redevabilité seraient les plus efficaces, bien qu’elles nécessitent un fort engagement des parties prenantes. Si elles sont bien planifiées, ces approches peuvent avoir un grand impact, notamment pour capturer les bénéfices intangibles.
Par exemple, des techniques telles que la Récolte des Résultats, le Changement le Plus Significatif, la Cartographie des Réseaux et des Systèmes, ainsi que l’Évaluation Développementale comme approche globale, seraient extrêmement pertinentes. Ces méthodes soutiennent l’analyse de l’influence et des relations entre les acteurs, tout en capturant la diffusion des connaissances et l’émergence de systèmes d’apprentissage mutuel.
China
Xin Xin Yang
UNICEF
Posté le 13/05/2025
Au cours de la deuxième semaine de discussion, la communauté EvalForEarth a partagé des réflexions précieuses sur l’évaluation de la coopération Sud-Sud et triangulaire (CSST), reflétant une diversité de perspectives issues de différentes régions et institutions. Les thèmes clés suivants ont émergé :
Ventura Mufume (Association Mozambicaine de Suivi et d’Évaluation) : Malgré la croissance des liens commerciaux Sud-Sud, l’accès limité à l’internet, à l’électricité et aux infrastructures numériques — en particulier dans les zones rurales et périurbaines — demeure un obstacle majeur à l’échange de pratiques d’évaluation et à la promotion d’une coopération inclusive.
Hailu Negu (Ethiopian Electric Power) : Pour maximiser l’impact de la coopération Sud-Sud et triangulaire dans l’architecture actuelle de l’aide, il est essentiel de mettre en place des systèmes d’évaluation solides, participatifs et sensibles au contexte, afin d’assurer la redevabilité, l’apprentissage mutuel et la prise de décision fondée sur des données probantes, en cohérence avec les ODD et un développement inclusif.
Mariana Vidal Merino (Groupe de référence technique pour l’évaluation du Fonds d’adaptation) : Si la CSST offre un grand potentiel — notamment pour l’adaptation au changement climatique grâce à l’apprentissage entre pairs, l’assistance technique et les solutions partagées —, l’absence de cadres d’évaluation dédiés risque de la faire percevoir comme un mécanisme symbolique plutôt que comme un outil concret de développement, d’où la nécessité d’approches d’évaluation intégrées et fondées sur des données.
Eddah Kanini (Membre du conseil d’administration : AfrEA, AGDEN et MEPAK) : L’évaluation de la CSST nécessite des approches qualitatives co-construites qui reflètent les valeurs du Sud et capturent les résultats relationnels et les processus — tels que l’apprentissage mutuel et l’échange de capacités — souvent négligés en raison de l’absence de cadres spécifiques et de la documentation limitée au-delà des produits.
Marlene Roefs (Centre d’Innovation pour le Développement de Wageningen – WCDI) : Pour améliorer l’évaluation des interventions complexes de CSST impliquant de multiples parties prenantes, il est utile d’intégrer les critères de réussite des partenaires, de tenir compte des dynamiques de pouvoir contextuelles, et d’explorer des approches d’évaluation participatives et expérientielles impliquant activement les décideurs à chaque étape.
Participez à la conversation
Apportez vos idées au débat en cours d’EvalForEarth sur l’évaluation de la coopération Sud-Sud et triangulaire :
https://lnkd.in/gnB-3Eaw
Netherlands
Marlene ROEFS
senior advisor
Wageningen Social and Economic Research
Posté le 11/05/2025
Chères et chers collègues,
Merci d’avoir initié et enrichi cette conversation précieuse sur l’évaluation des interventions de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST). Outre la pertinence de l’utilisation des sciences comportementales (voir, par exemple, le modèle COM-B : https://thedecisionlab.com/reference-guide/organizational-behavior/the-com-b-model-for-behavior-change), il est essentiel de prendre en compte les dynamiques de pouvoir, les enjeux de légitimité, ainsi que d'autres dimensions contextuelles clés. Il peut également être utile d’intégrer activement les usages et les critères d’évaluation des partenaires impliqués.
C’est l’un des enseignements que nous avons tirés d'une étude récente sur la collaboration multipartite dans le cadre du programme DeSIRA de l’Union européenne, qui soutient la recherche et l’innovation agricoles en Afrique, en Asie et en Amérique latine : https://www.desiraliftcommunity.org/wp-content/uploads/2025/04/0704-DeSIRA-LIFT-Learning-brief3-1.pdf. Comprendre comment les différents acteurs perçoivent le succès d’une collaboration ou d’une coopération, ainsi que les convergences ou divergences de points de vue, peut constituer une information précieuse en soi.
Allant plus loin, l’évaluation des collaborations multipartites et d’autres interventions complexes pourrait bénéficier d’une approche d’évaluation fondée sur l’expérience. Il s’agit d’une méthode assez peu conventionnelle que nous explorons actuellement au sein de l’International Support Group (https://isginternational.org/). Elle consiste à impliquer directement les décideurs (à différents niveaux) dans le processus d’évaluation : enfilant le chapeau d’évaluateur, ils formulent les questions d’évaluation, développent les méthodes et outils, collectent et analysent les données, interprètent les résultats et communiquent les enseignements.
Dans cette approche — en tout ou en partie — les participants allient la réflexion cognitive à l’usage des cinq sens pour vivre concrètement l’objet et le processus d’évaluation. Nous nous interrogeons sur la manière dont cette immersion pourrait enrichir l’utilisation des évaluations par les utilisateurs et leurs partenaires.
Je serais très intéressé(e) d’entendre l’avis de collègues évaluateurs sur cette approche, et éventuellement leurs retours d’expérience.
Cordialement,
Kenya
Eddah Kanini (Board member: AfrEA, AGDEN & MEPAK
Monitoring, Evaluation and Gender Consultant/Trainer
Posté le 09/05/2025
Bien que mon expérience en évaluation ne soit pas formellement qualifiée de Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST), j’ai évalué plusieurs initiatives régionales et multi-pays qui en partagent les principes fondamentaux, tels que l’apprentissage entre pairs, la responsabilité mutuelle et l’échange de capacités entre pays du Sud. Notamment, j’ai participé à l’évaluation d’un programme régional de renforcement des systèmes de santé, impliquant une coopération technique entre plusieurs pays, qui ont partagé des innovations dans les modèles de santé, l’utilisation des données pour la prise de décision et la prestation intégrée des services. Bien que la coopération ait été naturellement de type Sud-Sud, l’absence d’un cadre d’évaluation spécifique à la CSST a rendu difficile la pleine prise en compte des dimensions particulières de l’apprentissage réciproque et de l’appropriation.
En l’absence d’une orientation spécifique pour la CSST, plusieurs défis émergent, notamment la difficulté à définir clairement ce qu’est le succès dans ce type de coopération, surtout lorsque la valeur réside davantage dans les processus et les relations que dans les résultats tangibles. On constate que ce qui est souvent mesuré, ce sont les produits livrables, au détriment de l’analyse des dynamiques. Il semble également que les succès de la CSST soient peu documentés, probablement en raison du suivi limité des processus. Dans ce contexte, les méthodes narratives et fondées sur les récits sont particulièrement utiles pour rendre compte des bénéfices mutuels et des échanges de capacités. Les méthodes qualitatives telles que la récolte des résultats (outcome harvesting), le récit (storytelling) ou encore l’évaluation appréciative (appreciative inquiry) sont donc très pertinentes pour l’évaluation de la CSST.
Les évaluateurs peuvent contribuer à une utilisation plus transformative de la CSST à travers la co-création de cadres d’évaluation avec les partenaires, afin qu’ils reflètent les valeurs et les définitions du succès propres aux pays du Sud. Ils peuvent également jouer un rôle clé dans la documentation et la diffusion des apprentissages sur les processus réussis : ce qu’a été le succès, comment et pourquoi. Enfin, les évaluateurs peuvent renforcer la pertinence de la CSST en y intégrant des perspectives d’équité et d’inclusion, ainsi qu’une approche systémique dans leurs évaluations.
Germany
Mariana Vidal Merino
Evaluation Analyst
Adaptation Fund Technical Evaluation Reference Group
Posté le 07/05/2025
Un sujet si important à explorer ! Comme mentionné, la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST) a commencé à gagner en reconnaissance dans les années 1970 et a depuis été promue dans le cadre des efforts de développement mondiaux. Toutefois, en l'absence de preuves solides, la CSST risque d’être perçue davantage comme un geste symbolique que comme un véritable outil de développement.
Dans le contexte de l’adaptation au changement climatique, la CSST est particulièrement précieuse. Elle permet aux pays du Sud Global (qui font souvent face à des risques climatiques similaires, tels que les sécheresses, les inondations ou la montée du niveau de la mer) d’échanger des solutions pratiques, spécifiques au contexte et ancrées dans des défis communs.
Le Fonds d’Adaptation soutient activement la CSST par plusieurs moyens clés, notamment :
Bien que le Fonds ne dispose pas d’un cadre d’évaluation spécifique dédié à la CSST, celle-ci est intégrée dans ses processus d’évaluation plus larges. Une approche clé consiste à suivre les subventions de coopération Sud-Sud via les documents de projet, les rapports de démarrage et les mises à jour régulières.
Le Groupe de Référence Technique pour l’Évaluation du Fonds d’Adaptation (AF-TERG) joue également un rôle important. Son évaluation rapide de 2024 a examiné dans quelle mesure le Fonds répond aux besoins des pays et évalué l’efficacité de ses mécanismes de soutien, y compris les initiatives de CSST. L’évaluation en cours du programme de préparation du Fonds approfondira davantage cette analyse.
Je suis impatient(e) d’apprendre des expériences des autres sur l’évaluation de la CSST !
Ethiopia
Hailu Negu Bedhane
cementing engineer
Ethiopian electric power
Posté le 06/05/2025
Un cadre d’évaluation solide garantissant la redevabilité, l’apprentissage et la prise de décisions fondée sur des données probantes est essentiel pour maximiser l’impact de la coopération triangulaire (CT) et de la coopération Sud-Sud (CSS) dans un paysage d’aide en mutation. En tirant parti des expériences partagées, des avantages réciproques et de la solidarité, la CSS et la CT s’imposent comme des modalités complémentaires à la coopération Nord-Sud, apportant des solutions innovantes aux défis du développement. Voici un aperçu du rôle crucial que peut jouer l’évaluation dans le renforcement de l'efficacité de ces modalités :
1. Reconnaître la transition vers une architecture d’aide en évolution :
2. Le rôle de l’évaluation dans la CSS et la CT :
L’évaluation est un outil stratégique pour améliorer la conception, la mise en œuvre et les résultats des projets de CSS et CT.
a. Favoriser la responsabilité partagée :
b. Renforcer l’apprentissage et le partage des connaissances :
c. Soutenir les décisions fondées sur des données :
d. S’adapter aux contextes :
3. Principes directeurs pour l’évaluation de la CSS et de la CT :
a. Participation et inclusion : Impliquer tous les acteurs — gouvernements, bénéficiaires, société civile — dans le processus.
b. Appropriation nationale : Aligner les évaluations sur les plans nationaux de développement et renforcer les capacités locales.
c. Flexibilité et innovation : Utiliser des outils adaptables et la technologie pour affiner les méthodes et améliorer la collecte de données.
d. Focalisation sur les impacts : Aller au-delà des livrables pour mesurer les transformations durables et les contributions aux ODD (inclusion sociale, résilience climatique, réduction de la pauvreté).
4. Défis de l’évaluation de la CT et de la CSS :
5. Recommandations pour accroître l’impact par l’évaluation :
a. Établir des standards d’évaluation partagés : Travailler avec le PNUD, l’OCDE, le GPI, etc., pour définir des critères adaptables.
b. Investir dans le renforcement des capacités : Former et appuyer techniquement les pays du Sud dans l’évaluation.
c. Mobiliser les partenariats : Collaborer avec les universités, think tanks, et organismes internationaux pour mener des évaluations conjointes.
d. Intégrer l’évaluation dès la conception des projets : Assurer des ressources suffisantes pour les évaluations initiales et de suivi.
e. Favoriser la transparence : Diffuser les résultats et en tirer parti pour plaider en faveur de la CSS et de la CT.
6. Conclusion :
La CSS et la CT offrent des opportunités uniques pour promouvoir un développement durable, équitable et solidaire. Des systèmes d’évaluation robustes et inclusifs permettront d’optimiser leur portée, d’assurer la redevabilité mutuelle et de contribuer activement à la réalisation des ODD. L’évaluation renforce non seulement l’efficacité, mais aussi la confiance, la coopération et l’innovation entre les pays du Sud.
Italy
Carlos Tarazona
Senior Evaluation Officer
FAO
Posté le 06/05/2025
Chers collègues,
Merci pour vos contributions. Il est encourageant de constater que plusieurs membres de la communauté ont de l’expérience en matière de coopération Sud-Sud et triangulaire, et qu’ils ont identifié le besoin de documenter les résultats intangibles et de promouvoir des approches rigoureuses pour évaluer son efficacité. J’invite les autres membres à partager leurs points de vue et à réfléchir à la manière dont ces méthodes et pratiques peuvent être intégrées dans nos évaluations au-delà du cadre de la coopération Sud-Sud et triangulaire.
Bien à vous,
Carlos
Mozambique
Ventura Fernando Mufume
President of the Board of Directors
Associação Moçambicana de Monitoria e Avaliação (AMMA(
Posté le 05/05/2025
e salue Carlos, Arwa, Javier et Xin pour avoir lancé cette discussion. La réorganisation de l’aide au développement mondial, combinée aux chocs récurrents tels que les catastrophes naturelles, les menaces à la sécurité et la fragilité économique, devrait inciter les pays de l’hémisphère sud à mobiliser leurs ressources humaines et à créer des synergies pour renforcer les capacités, promouvoir des solutions mutuellement bénéfiques et appuyer le multilatéralisme.
Un obstacle majeur que la pratique de l’évaluation doit traiter est la fracture de connectivité qui isole certains pays et communautés de pratique, malgré le potentiel de la technologie pour franchir les frontières physiques. L’accès à Internet reste un privilège réservé aux technocrates urbains dans des pays comme le Mozambique, où l’éducation, la recherche et d’autres processus restent encore largement manuels. La transformation numérique qui stimule les économies ailleurs n’a pas encore atteint les secteurs socioéconomiques traditionnels comme l’agriculture, qui emploie la majorité de la population dans le Sud.
Avec un accès lent et inégal à l’électricité, à Internet et aux infrastructures routières, il est difficile pour les pays de partager leurs expériences et de s’inspirer de pratiques réussies. Bien que les liens commerciaux Sud-Sud soient en expansion, l’échange de pratiques d’évaluation reste limité, alors même que la plupart des pays disposent de sociétés d’évaluation actives utilisant les produits de l’évaluation à des fins de formulation de politiques, de prise de décision et d’apprentissage interne.
En résumé, une coopération Sud-Sud efficace en matière d’évaluation exige des mesures concrètes pour garantir que les communautés rurales et périurbaines du Sud global aient accès à Internet, aux réseaux mobiles et à l’électricité.
China
Xin Xin Yang
UNICEF
Posté le 05/05/2025
La discussion sur l’évaluation de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST) entre dans sa deuxième semaine !
La Semaine 1 a été marquée par un échange riche entre experts internationaux en évaluation, portant sur les moyens de renforcer l’évaluation de la CSST dans un paysage de l’aide en mutation.
Temps forts des contributions de la Semaine 1 :
À l’aube de cette deuxième semaine, nous vous invitons à partager vos expériences, outils et réflexions :
Comment mieux capturer l’apprentissage mutuel, l’appropriation et les effets intangibles ?
Rejoignez la discussion ici : https://lnkd.in/gnB-3Eaw
Co-créons des cadres d’évaluation plus robustes qui reflètent les valeurs de solidarité, d’équité et de responsabilité mutuelle.
Italy
Serdar Bayryyev
Senior Evaluation Officer
FAO
Posté le 01/05/2025
Merci d’avoir partagé cette analyse complète des défis et opportunités liés à l’évaluation de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST).
La Coopération Sud-Sud (CSS) incarne un partenariat collaboratif dynamique et permanent entre divers acteurs œuvrant pour des objectifs communs, en particulier dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD). Le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UNDESA) définit les partenariats multipartites pour les ODD comme “une relation de collaboration continue entre des organisations issues de différents types d’acteurs, alignant leurs intérêts autour d’une vision commune, combinant leurs ressources et compétences complémentaires et partageant les risques, afin de maximiser la création de valeur au service des ODD et de générer des bénéfices pour chacun des partenaires.”
Mes évaluations récentes de partenariats entre la FAO, des organisations de la société civile et le secteur privé ont également fourni des enseignements précieux, mettant en évidence la nécessité cruciale de partenariats réellement transformateurs et d’efforts collaboratifs favorisant l’innovation, les bénéfices mutuels et l’appropriation partagée entre toutes les parties prenantes et les bénéficiaires. Le renforcement de tels partenariats est essentiel pour faire progresser le développement durable et atteindre les ODD de manière efficace.
(Ces rapports d’évaluation sont disponibles ici : https://openknowledge.fao.org/handle/20.500.14283/cb1636en ; https://openknowledge.fao.org/handle/20.500.14283/ca6678en)
Forts de cette expérience, je pense que l’une des stratégies les plus prometteuses pour améliorer l’évaluation de la CSST consiste à promouvoir des partenariats multipartites et des processus participatifs alignés sur les principes fondamentaux de l’Agenda 2030, notamment les bénéfices mutuels, la solidarité et l’appropriation locale.
Ma vision de l’évaluation va au-delà d’un simple outil de mesure. Elle constitue un levier pour renforcer la dynamique partenariale. Cela suppose d’impliquer activement toutes les parties prenantes concernées dans la co-conception des cadres et critères d’évaluation, afin que les analyses reflètent les priorités locales et les réalités contextuelles. Lorsque les partenaires nationaux dirigent ou co-dirigent les évaluations, cela favorise l’appropriation, renforce la pertinence et contribue au développement des capacités locales d’évaluation—répondant ainsi à certaines lacunes identifiées.
En reconnaissant la CSST comme une forme de partenariat transformateur, les évaluations devraient mesurer non seulement les résultats immédiats, mais aussi l’évolution de la confiance, de la solidarité et du respect mutuel dans le temps. Cette approche souligne l’importance de la construction de relations durables comme élément essentiel de l’impact sur le développement. En intégrant des pratiques d’évaluation participatives, narratives et ancrées dans le contexte, et en renforçant les capacités nationales, nous pourrons mieux saisir la valeur réelle des initiatives de CSST. Cela permettra de renforcer la redevabilité, d’orienter des stratégies de partenariat plus efficaces et de contribuer de manière localement appropriée et globalement significative aux ODD.
Cordialement,
Serdar Bayryyev
Responsable principal de l’évaluation, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Australia
Vinesh Prasad
Agriculture Director
Canopy and Culture
Posté le 30/04/2025
Réflexions sur l'Évaluation de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST)
Merci d’avoir lancé cet échange essentiel. Fort de plus de 20 ans d’expérience dans la direction de programmes de développement agricole et de résilience climatique dans les îles du Pacifique—et plus récemment en Australie—j’ai pu constater personnellement les atouts et les complexités de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST).
Quelles approches ou quels outils d’évaluation avez-vous trouvés efficaces pour évaluer les initiatives de CSST ?
Dans mon travail avec des organisations telles que la Communauté du Pacifique (CPS) et ACIAR, les approches participatives ont été déterminantes. Des outils tels que la cartographie des résultats, les revues d’apprentissage entre pairs et la narration communautaire ont permis un suivi plus authentique de l’apprentissage mutuel, de l’appropriation locale et du changement adaptatif—des éléments souvent négligés par les systèmes traditionnels de suivi-évaluation. Les évaluations intégrant les voix locales et les perspectives du Sud ont produit des résultats plus pertinents et crédibles.
Quels défis avez-vous rencontrés—sur les plans méthodologique, politique ou opérationnel ?
Les défis comprennent l'insuffisance des infrastructures de données, la brièveté des projets et l’imposition d’indicateurs externes qui ne reflètent pas les valeurs locales. Des sensibilités politiques émergent également lorsque la coopération est liée à la diplomatie nationale ou à des dynamiques de pouvoir régionales, rendant la transparence et l’attribution plus complexes.
Comment améliorer la visibilité, l’apprentissage et l’impact de la CSST ?
Pour renforcer l’évaluation de la CSST, il est essentiel de développer les capacités évaluatives dans les pays du Sud, de co-concevoir des indicateurs adaptés aux contextes locaux, et de documenter les résultats intangibles tels que la confiance et la solidarité. Pour valoriser la CSST, il faut aller au-delà de la validation vers une responsabilité mutuelle et un apprentissage authentique. En adoptant des méthodologies inclusives et culturellement ancrées, nous pouvons accroître l’impact de la CSST dans cette architecture de l’aide en pleine évolution.
J’ai hâte d’apprendre des autres praticiens et d’explorer des pistes vers des pratiques d’évaluation plus rigoureuses, pertinentes et réactives.
Merci.
Netherlands
Zhiqi Xu
PhD Researcher in Development Studies | Behavioral Scientist
Erasmus University Rotterdam
Posté le 28/04/2025
À mon avis, nous risquons de passer à côté de l'impact réel si nous négligeons trois éléments essentiels dans l'évaluation de la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST) : le rôle crucial des acteurs locaux, l'amélioration de la mesure des résultats intangibles, et l'utilisation de méthodes plus intelligentes pour traiter la question de l'attribution.
Je partagerai une étude de cas sur la localisation et proposerai deux approches méthodologiques issues de perspectives interdisciplinaires — sciences comportementales et économétrie — tirées de mon expérience de terrain et de mes recherches.
1. Les acteurs locaux font souvent la différence
Dans un projet de microfinance soutenu par le PNUD que j'ai étudié, des leaders villageois ont tenté d'adapter le modèle de la Grameen Bank du Bangladesh. Initialement, le modèle a échoué : les microcrédits n'ont pas bien fonctionné et les créances douteuses ont augmenté. Cependant, grâce à la persévérance des organisations communautaires et des leaders locaux, le modèle a été adapté aux réalités locales et a fini par se transformer en une association de producteurs solide et durable.
Si les évaluations s'étaient uniquement focalisées sur les résultats immédiats, ce projet aurait été considéré comme un échec. Il est crucial de reconnaître le rôle des acteurs locaux et les processus d’adaptation progressifs, parfois désordonnés, mais puissants.
2. Mesurer les résultats intangibles à travers la psychologie et les sciences comportementales
Des résultats tels que l'autonomisation, l'appropriation ou l'apprentissage mutuel sont souvent jugés difficiles à mesurer. Pourtant, les sciences comportementales et la psychologie ont développé des outils fiables pour évaluer ces dimensions. Il est néanmoins essentiel d'adapter ces outils aux contextes locaux, car beaucoup ont été conçus pour des populations WEIRD (Occidentales, Éduquées, Industrialisées, Riches et Démocratiques).
3. Aborder la complexité de l'attribution grâce à une analyse causale et centrée sur les personnes
L’attribution demeure l’un des plus grands défis de l’évaluation de la CSST. Toutefois, il est possible d'aller au-delà de la simple reconnaissance de cette difficulté en appliquant des méthodes d'inférence causale — telles que le Propensity Score Matching (PSM), les expériences naturelles et les groupes de comparaison structurés.
De plus, l'exploration de méthodes statistiques centrées sur les personnes, comme l'Analyse de Profils Latents (LPA), permet de mieux comprendre les divers impacts en fonction des profils des bénéficiaires.
Bien que ces méthodes exigent des efforts supplémentaires en matière de conception et d'analyse, elles offrent des voies essentielles pour rendre les évaluations de la CSST plus crédibles, sensibles au contexte et exploitables.
En résumé : Reconnaître les contributions des acteurs locaux, adopter des stratégies innovantes pour mesurer les résultats intangibles et appliquer des approches d'analyse causale diversifiées peut rendre les évaluations de la CSST plus pertinentes et impactantes.
Je serais heureux d’échanger sur vos expériences pour renforcer l’évaluation des processus locaux d’adaptation et des résultats intangibles dans les programmes de CSST.
Un grand merci à Carlos Tarazona (FAO), Arwa Khalid (FAO), Javier Guarnizo (ONUDI) et Xin Xin Yang (UNICEF) pour avoir initié cette importante discussion.
Cordialement,
Zhiqi
China
Xin Xin Yang
UNICEF
Posté le 28/04/2025
Je souhaite partager le rapport d’évaluation de l’UNICEF sur le Programme de Coopération Sud-Sud Trilatérale Brésil-UNICEF (P04_Final_report_UNICEF_Jan29).
L’évaluation visait à générer des connaissances sur les stratégies réussies de promotion de la Coopération Sud-Sud (CSS), en mettant particulièrement l’accent sur l'application des principes de la CSS.
Elle a également documenté les résultats aux niveaux des produits et des effets, en portant une attention particulière aux droits humains, au genre et aux populations vulnérables.
Italy
Carlos Tarazona
Senior Evaluation Officer
FAO
Posté le 27/04/2025
Lancement du Débat : Évaluer la Coopération Sud-Sud et Triangulaire dans un Monde en Mutation
Alors que l'architecture mondiale du développement continue d’évoluer, la Coopération Sud-Sud et Triangulaire (CSST) devient un levier central pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable. Ces partenariats, fondés sur le respect mutuel, la solidarité et l’apprentissage partagé entre les pays du Sud Global — souvent soutenus par un troisième partenaire — ne se limitent pas à compléter l’aide traditionnelle : ils constituent un puissant moteur de changement localement impulsé. Pourtant, comment évaluer efficacement ces initiatives complexes et dynamiques tout en tenant compte du contexte, des sensibilités politiques et de la rigueur méthodologique ?
Pour initier ce dialogue, nous invitons les évaluateurs et les praticiens du développement à réfléchir à leurs expériences en matière de CSST. Explorons ensemble :
🔹 Quelles approches ou quels outils d’évaluation avez-vous trouvés efficaces pour évaluer les initiatives de CSST ?
🔹 Quels défis avez-vous rencontrés — d’ordre méthodologique, politique ou opérationnel ?
🔹 Comment pouvons-nous, en tant qu’évaluateurs, renforcer la visibilité, l’apprentissage et l’impact de la CSST dans cette architecture de l’aide en mutation ?
Réimaginons l’évaluation comme un moteur de coopération significative et de bénéfices partagés.
📢 Participez à la conversation : partagez vos histoires, vos outils, vos défis ou simplement votre curiosité. Vos contributions aideront à façonner des pratiques d’évaluation plus pertinentes et adaptées au contexte pour la CSST.
Carlos Tarazona, Chargé Supérieur de l'Évaluation, Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO).